Suite à l’arrêt de l’utilisation de la ligne ferroviaire entre Hombourg et Chênée, la SNCB décide en 1990 de procéder au démantèlement des voies. Le monde associatif se mobilise pour conserver le site. En 1992, la Jeune Chambre Economique du pays de Herve (aujourd’hui Jeune Chambre Internationale) défend le projet d’une valorisation touristique de la ligne.
Alors que la Wallonie et la SNCB se lancent dans un conflit juridique, la Jeune Chambre organise diverses activités sur le passé et l’avenir de la Ligne 38. Des expositions (dessins, photos, …), un spectacle (animé par le chanteur Thibault) ainsi que des balades équestres et pédestres sont organisés. Une étude est lancée et une commission voit le jour pour réfléchir quant au destin de la «transhervienne». Il faut repenser les infrastructures, envisager un revêtement adéquat, placer une signalisation, etc.
La solution finalement retenue consiste à créer un « couloir écologique», combinant une piste cyclable longée d’un chemin de promenades pour les piétons et les cavaliers. Associée à une vingtaine d’associations locales et avec l’appui des communes, la Jeune Chambre se lance alors dans des travaux d’aménagements. Il faut tout d’abord assainir le site laissé à l’abandon, et les travaux ne manquent pas : tailler les arbres, enlever les détritus, réhabiliter les ouvrages d’art, etc.
Cette solution possède trois atouts de taille. Premièrement, elle cadre parfaitement avec la volonté de la Wallonie de réhabiliter certaines lignes désaffectées en «voiries pour trafic lent». A un autre niveau, elle s’inscrit dans un important projet transfrontalier visant à relier Aix-la-Chapelle, Hasselt, Liège et Maastricht par un réseau réservé aux cyclistes. La Ligne 38 constitue dès lors la principale connexion entre la Cité ardente et Aix-la-Chapelle. Troisièmement, en tant que projet eurégional, une partie des financements peuvent être couverts par la Communauté européenne dans le cadre des programmes soutenus par l’«Euregio Meuse-Rhin». Il faut dire que le coût du projet est alors estimé entre 116 et 184 millions de Francs belges (soit entre 2,87 et 4,56 millions d’Euros), en fonction du type de revêtement choisi (hydrocarboné ou en béton armé).
Le projet « Ligne 38 » a servi d’exemple en matière de réaffectation des voies déferrées. L’action de la Jeune Chambre a ainsi inspiré de nombreux projets similaires aux quatre coins de la Wallonie, contribuant ainsi au développement du réseau Ravel connu de tous par l’émission « Le beau vélo de Ravel » de la RTBF. Aujourd’hui, la Wallonie compte plus de 1.300 km de voies aménagées formant un vaste réseau qui s’étend au-delà de nos frontières.
Sans la vigilance de la Jeune Chambre Economique du Pays de Herve, il y a fort à parier que la Ligne 38 ne serait qu’une cicatrice dans le paysage hervien. Aujourd’hui, elle est considérée comme l’une des plus belles voies vertes de Belgique, et à une échelle plus locale, elle est, après l’«Espace des Saveurs» de la Maison du Tourisme, la principale attraction touristique de la commune de Herve.